La sortie s’est déroulée dans les meilleures conditions, avec une météo optimale. Malgré la sécheresse qui sévit depuis pourtant plusieurs mois, les quelques pluies (mi-décembre, mi-février et mi-mars) ont néanmoins permis un développement significatif de belles populations d’orchidées sur certains secteurs (mais d’autres secteurs du massif de la Nerthe, comme la plaine de Bonnieu ou bien d’autres, ont beaucoup plus souffert de ce manque d’eau et les floraisons y sont faibles).
La visite s’est organisée de la manière suivante, dans le meilleur respect des stations visitées :
1 - Matin :
Le massif de la Nerthe (ou de l’Estaque) couvre environ 16 000 ha et s’étend, d’Est en Ouest, sur environ 28 km. Les roches sédimentaires calcaires dominent (Jurassique vers l’est, Crétacé/Urgonien au centre et à l’ouest, Miocène/Burdigalien sur la bordure littorale). Ce type de roches est très propice au développement d’importants cortèges d’orchidées. Plus de 650 espèces végétales ont été inventoriées sur ce massif, dont plus de 80 espèces dites patrimoniales (38 protégées). On recense au moins 37 espèces d’orchidées (dont 22 Ophrys!) ce qui est remarquable.
Suite à l'incendie du 4 août 2020 qui a ravagé plus de 1000 ha de pinèdes et de garrigues (dont plusieurs sites majeurs pour les orchidées) entre Martigues et Sausset-les-Pins, deux membres de la SFO PACA résidant à proximité, Robin ROLLAND et Monique BARTHELEMY (également conservateurs bénévoles de la roselière de Boumandariel) ont pu être étroitement associés par les communes et la Métropole Aix-Marseille-Provence (maître d'ouvrage et financeur) à la définition et au suivi des travaux de restauration des terrains incendiés (RTI) afin que soient mieux pris en compte la biodiversité végétale et les paysages lors des chantiers. Plusieurs principes et actions, non prévus initialement, ont ainsi pu être intégrés, permettant de fortement "limiter les dégâts" :
Plan de circulation des engins, limitant au maximum l'impact pour la préservation des sols.
Des zones temporaires de stockages des bois coupés clairement délimitées;
Des échanges permanents avec l'entreprise de travaux, côté Sausset ;
Des secteurs à enjeux particuliers (biodiversité, paysage, quiétude) totalement évités (avec balisage préalable);
Priorité aux coupes manuelles sur les pentes et mise en place de fascines dans certains secteurs très pentus;
Pas de broyats de rémanents épandus sur les sols, dans les secteurs à enjeux; valorisation locale des bois;
Fermeture de certains accès existants et inutiles;
Seul point noir non évité : travaux réalisés au printemps (pour des raisons budgétaires et de disponibilités des entreprises ...).
Un suivi des sites sera également réalisé, bénévolement.
A ce stade, en guise de premier bilan, on constate une bonne reprise de la végétation des milieux ouverts. Les orchidées, plantes vivaces géophytes (avec des tubercules qui passent la saison sèche sous terre), apparaissent bien adaptées. Néanmoins, avec la perte de l’ombrage offert par la végétation arbustive et arborescente, la tendance globale (en particulier dans le massif de la Nerthe) est à l’aridification des milieux naturels, accentuée par les faibles pluies printanières et, localement, l’érosion des sols.
2 - Pique-Nique :
3 - Après-midi :
15 espèces d’orchidées ont été observées au cours de la journée (dont 2 en rosettes) : :
Ophrys forestieri : nombreux, mais souvent en fin de floraison ; quelques individus encore en très bon état ;
Ophrys passionis : nombreux, avec de belles variabilités de formes et de couleurs ;
Ophrys arachnitiformis : très largement fanés ; quelques rares pieds encore en bon état ;
Ophrys delforgei : une petite population encore en bon état dans une pelouse au nord de la voie ferrée ;
Ophrys provincialis : assez nombreux, avec des pieds encore en très bon état ;
Ophrys speculum : 3 pieds observés (1 fleuri, 1 fin de floraison et 1 en rosette) ;
Ophrys bertolonii : un beau début de floraison (il faudrait qu’il pleuve prochainement pour permettre un meilleur développement des populations locales) ;
Ophrys linearis : plusieurs pieds en pleine floraison ;
Ophrys lutea : en début de floraison ;
Ophrys virescens : quelques pieds bien fleuris (débat sur la différence avec O. litigiosa!) ;
Ophrys splendida : belle population avec des individus bien fleuris, vers La Couronne ;
Orchis olbiensis : bien en fleurs sur une pente exposée au nord, vers la roselière ;
Himantoglossum robertianum : très nombreux mais largement passés ;
Serapias vomeracea : 2 pieds, encore en feuilles ;
Serapias parviflora : plusieurs pieds (Les Arqueirons , encore en rosette).
Epipactis fageticola : espèce mentionnée (mais non observée, car nettement plus tardive) lors de la balade le long de la roselière ; la station a justement pu être préservée dans le cadre de l’accompagnement des travaux post-incendie ; cependant, les conditions d’ombrage ont évolué, du fait de la disparition de peupliers blancs (suite à l’incendie) et l’avenir de cette petite station n’est pas garanti ? (un suivi sera assuré). A noter également que l’incendie et certains travaux post-incendie ont hélas détruit des pinèdes abritant des stations d’Orchis purpurea et de Limodorum abortivum, ainsi qu’une petite station à Serapias parviflora, protégée au niveau national
Hybrides d’orchidées observés :
Une bonne douzaine d’hybrides ont été identifiés (liste non exhaustive, à compléter par les participants, avec l’appui de photos si possible). Plusieurs autres hybrides, observés les semaines précédentes, étaient déjà fanés (comme par exemple, Ophrys forestieri x speculum, Ophrys forestieri x provincialis ou Ophrys bertoloni x litigiosa).
Ophrys forestieri x passionis
Ophrys passionis x speculum : plus d’une trentaine de pieds inventoriés en 2022 (en grande partie en fin de floraison à cette date)
Ophrys bertoloni x provincialis, bien représenté
Ophrys bertoloni x passionis
Ophrys bertoloni x speculum (à Carro/Bonnieu), presque fané
Ophrys bertoloni x lutea
Ophrys lutea x provincialis (un débat argumenté a permis de le différencier de son voisin bertoloni x lutea, assez proche dans l’allure, mais sans marge blanche autour de la macule)
Ophrys lutea x speculum : plusieurs individus observés
Ophrys linearis x provincialis, bien représenté à cette période
Ophrys linearis x passionis
Liste des participants ():
Pascal JASLIN
Patrick PITOIT (SFO Languedoc)
Paul VINCENT
Annie et Michel PINAUD
Jacques et Annie GUINBERTEAU
Jean-Marc HEYMES
Jean-Pierre GUEGAN
Virgile GAZZANIGA
Christian FLEURY (SFO Languedoc)
Claire PERRACHON et Christophe DAVEE (SFO Normandie)
Hélène et Pierre-Michel BLAIS
Robin ROLLAND et Monique BARTHELEMY, organisateurs de la sortie
La traditionnelle photo de groupe :